Je te vois passer tous les matins, mallette à la main, pressé de contribuer à la vie adulte.
À peine une heure plus tard, je te vois ressortir avec tes collègues, toujours pris dans discussions animées sur l’actualité, excité d’aller chercher ta dose de bonheur caféinée à 8 dollars la tasse, pourboire non compris.
On se connaît toi et moi. Je suis le p’tit frère du voisin, la mouche à marde de Ménard, comme vous m’appeliez dans le temps. Le p’tit frère qui voulait jouer dans la cour d’école avec les grands, au hockey dans la rue, aux jeux vidéos dans ton sous-sol à moitié aménagé et faire la pluie et le beau temps en parcourant à vélo les rues tranquilles du quartier. Celui que vous avez inclus, en grande partie à cause de ton insistance, dans vos cents coups.
L’autre jour, nos regards se sont croisés et je sais que tu m’as reconnu. J’ai vu ton malaise créé par cette réalisation que cette chose qui pollue les rues avait un nom que tu connaissais, la mouche à marde de Ménard. Depuis, tu évites mes regards soutenus et depuis peu, tu changes parfois ton trajet habituel pour m’éviter.
On est pareil toi et moi. De la même banlieue bourgeoise, du même quartier tranquille, de la même rue et de la même gang de ti-culs qui écœurait jadis les filles. Y’a rien qui nous séparent, à part la chance.
La chance d’être né dans une famille sans dépendance et sans violence.
La chance que les erreurs de ta jeunesse ont été commises sans incidents policiers, sans conséquences juridiques.
La chance de ne pas avoir des démons qui te traquent sans répit et qui te disent que tu es rien à chaque fois que tu n’es pas gelé ou intoxiqué.
Ce qui nous sépare en tient à l’épaisseur d’une feuille de papier. On est pas fléaux de la société mais le dommage collatéral de l’individualisme et du capitalisme sauvage.
J’aurais le goût de te crier mon désespoir et te sauter dans les bras - mais je m'abstiens au risque d’être arrêté pour avoir troublé la paix et de froisser ton beau complet trois pièces. Je sais qu’il faut mieux éviter cette roulette russe.
Au lieu, la prochaine fois que tu t’agites comme un singe avec tes potes concernant le prix de ton café latté extra large avec du sirop à la vanille sans sucre et cannelle et la situation politique mondiale, commence par t’ouvrir tes yeux et apaiser la misère autour de toi.
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My Neighbour's Brother / Le frère de mon voisin
Toile originale de techniques mixtes, 48 par 36 pouces sur une toile de 1,5 pouce de profondeur. $1,500
Une partie des recettes de la vente de la toile sera versée à un organisme de bienfaisance de la région d’Ottawa-Gatineau.
Original mixed media painting, 48 by 26 inches on a 1,5 inch deep canvas. $1,500.
Part of the proceeds of the sale of this painting will be donated to a charity of the Ottawa-Gatineau region.
https://mireillelaroche.ca/products/your-neighbours-brother